Gaby Mrôrch est né à la fin des années 80, à une époque où une foultitude de petites revues duraient ou fleurissaient de partout. Après avoir auto-édité deux de mes opuscules, et avoir réalisé plein d'échanges, j'avais noué des relations extrêmement agréables avec pas mal de gens, que j'ai voulu concrétiser. Il y a eu la conjonction de deux phénomènes : j'avais un thème sur lequel je ne voulais pas écrire explicitement, mais que je voulais donner comme un os à ronger à la terre entière : « l'écriture est à son meilleur lorsqu'elle tue. » À la même époque j'avais rencontré Frédéric-Yves Jeannet qui venait d'interrompre la parution de sa revue Écrits d'asile & d'ailleurs (qu'il avait en fait décidé de fusionner avec Delta, Station blanche de la nuit fabriquée à Toulouse par Patrice Beray). Il cherchait à cette époque à rassembler un certain nombre d'efforts éditoriaux issus de la région Rhône-Alpes (il travaillait à l'époque à Genève, avait passé sa jeunesse à Chambéry comme moi) autour d'un projet commun : les éditions du Lieu (il avait publié sous ce nom un livre de nouvelles de Jean Dutrait, et son Si loin de nulle part qui est une des étapes sur la longue route qui aura précédé la parution de Cyclone en 1997 au Castor Astral). Bref, nous devions monter quelque chose qui aurait plusieurs bras : la revue de Beray comme organe de presse, continuer la collection déjà en route, et la compléter par une petite collection de petit format, à petit tirage dans laquelle on publierait des petits textes plus étranges, cette collection -- pour laquelle j'avais proposé une maquette -- s'appellerait collection rare. Las, ces projets n'aboutirent pas : le « collectif » n'étant pas très soudé, et les membres actifs pas très fixés... C'est ainsi que je finis par sortir ma première maquette telle quelle, en photocopie, à 20 exemplaires. Pour ces deux projets, j'avais besoin d'un nom de fabrique (je ne publierai jamais un livre avec mon nom à la place de celui de l'éditeur !), ce fut Gaby Mrôrch, et ses lacaniennes poubellications.
Les premiers tirages de l'inédition rare sont maintenant des pièces de musée jalousement conservées dans quelques poubelles oubliées. Le volume collectif Mrôrch ! paru en 1998 n'est toujours pas épuisé : nous liquidons les derniers exemplaires par une promotion extraordinaire !
Depuis 1997, Gaby Mrôrch a amélioré sa
qualité de frabication : nous publions des petits livres dans la
collection rare dont l'objectif n'a pas changé :
publier des auteurs radicaux et inconnus ou invendables, en
les faisant bénéficier d'une mise-en-pages qui préserve tout
l'impact de leurs textes. Les livres sont beaux, ce qui leur
vaut d'être bien accueillis par les libraires pour des dépôts,
il n'empêche qu'ils sont radicaux, ce qui ne favorise pas les ventes...